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Archie Shepp | Four for trane

"Célébration de la vie"

Le saxophoniste Archie Shepp célèbre son quatre vingtième anniversaire!  Shabaka Hutchings, aujourd'hui "roi du jazz", s'inspire de ses cinq albums favoris pour nous offrir son portrait musical de Shepp. 

”L’oeuvre d’Archie Shepp a été cathartique tout au long de mon éducation musicale. Le champ émotionnel sonore qu’il propose m’a appris que chaque note jouée peut symboliser à elle seule une vision de l’humanité. Dans son univers, la puissance s’exprime dans la vulnérabilité, les moments de silence donnent naissance à de puissantes expressions.

The Magic of Juju est l’un de mes albums de jazz préférés. Le contraste entre les titres est absolument parfait. J’y entends Shepp jouer comme s’il parlait une langue étrangère. La fluidité de ses improvisations me fait penser à un prêtre à la fois hystérique et émerveillé. Dans cet espace, ses notes semblent porter leur sens au-delà des structures traditionnelles du jazz. L’intimité de la musique de Shepp avec ses racines africaines me fascine continuellement.

Lorsque j’écoute Yasmina, A Black Woman, je suis projeté dans un espace qui dégage une vision expansive de l’influence musicale africaine. Dans ce lieu naît le désir diasporique d’un pont surmontant l’abîme métaphysique qui sépare les concepts de “patrie“ et les nouvelles formes d’expression musicale dans le melting-pot d’un pays étranger.

Wo !man me rappelle que la musique de Shepp se niche dans la face secrète de ma perception, faisant planer le mystère. Tout ne doit pas toujours être lumineux. Dans cet album, la révélation progressive d’une profondeur de beauté ainsi que la découverte de sa potentialité ont beaucoup signifié pour moi.

Four For Trane a été ma première rencontre avec Archie Shepp. Je me souviens avoir été étreint par la curiosité dès ma première écoute. J’étais alors étudiant et consacrais une grande partie de mon temps à transcrire et apprendre des solos des grands maîtres du jazz pour comprendre comment la musique fonctionnait d’un point de vue harmonique et mélodique. Lorsque j’ai découvert cet album monumental de Shepp, j’ai remis en question mon processus d’apprentissage. J’avais pris l’habitude d’écouter la musique pour y trouver du matériau harmonique que je pourrais ajouter à mon vocabulaire. L’engagement émotionnel demandé par cet album m’a sorti de cette habitude d’aborder le jazz pendant un certain temps. L’interprétation du sens caché derrière le son a pris plus d’importance que la compréhension de l’ordre dans lequel s’égrainaient les notes.

J’ai des difficultés à positionner de manière intuitive The Long March dans l’histoire de jazz. La musique existe dans mon esprit sans calendrier précis. Elle voyage à travers le temps en fonction de ma capacité imaginative. La performance scénique dresse e portrait de la ferveur tumultueuse d’individus modelés par les années soixante révolutionnaires et m’invite à rêver de sons inédits. Pourtant, il me semble que ce qui est produit ici contient une dimension essentialiste. Shepp et Roach touchent une source d’énergie plus ancienne que le jazz, la musique enregistrée ou même le concept de musique en tant qu’objet commercialisable. Je vois dans cette musique l’expression d’une joie créative pure et une célébration de la vie.”


Voulez-vous mieux connaître la musique de Archie Shepp? Venez à son concert pendant le Brussels Jazz Festival:
 Archie Shepp Quartet : 11.01 – 20:15 – € 31 [28] – Studio 4

Shabaka Hutchings sera également présent pendant notre festival avec son groupe:
The Comet is Coming: 19.01 – 22:30 – € 15 – Heilig-Kruishal / Hall Sainte-Croix