Silences
Exposition
Il ne s'agit pas ici de photographie, quoique cette démarche reprenne les obligations de portraitistes à la fin d'un autre siècle. Nous sommes bien au cinéma. On voyait sur ces images l'imperceptible mouvement d'un œil, où le temps de pose obligeait à fixer le sujet au moyen d’un serre-tête enfoncé dans un mur de studio. Le regard, lui seul, était mobile, trahissant la torture. Ce n'est pas mieux ici, le "patient" reste rivé à son siège, il n'a pour toute latitude que la permission de ciller. Souvent une larme jaillit, un regard s'enfuit… et puis… revient. Une main apparaît, essuyant une larme, une bouche sensuelle en avale une autre. C'est un curieux passage que celui de rester seul devant un œil noir, immobile, sans autre dialogue (monologue ?) que celui du regard. C'est finalement un titre évident , ce "Silences", juste doucement brisés par le Nana de Manuel de Falla interprété par Lore Binon. Équilibre entre les étages nobles, où l'on joue divinement une musique divine, où l'on conte puissamment de puissants écrits et cette cave sombre, où seront réunis, sur des écrans très noirs, musiciens transcendés, conteur exalté, spectateurs bouleversés, tous les intervenants de cette idée sublime que nos amis Philippe Graffin et Gérard Depardieu nous auront offerte.