Le mystère du macabre a poussé de nombreux compositeurs à écrire des oeuvres étranges et sinistres. L'exemple le plus célèbre est la Danse Macabre de Saint-Saëns de 1874. Cette pièce évoque l'image de la Mort qui, avec son violon, entraîne ses squelettiques acolytes dans une danse nocturne de plus en plus exubérante, jusqu'à ce que retentisse le chant du coq et que les esprits s'évanouissent aux premières lueurs de l'aube. Ligeti imagine quant à lui une danse macabre totalement différente. Mysteries of the Macabre est une suite absurde basée sur trois arias tirés de son unique opéra, Le Grand Macabre, dans lequel Ligeti envisage le monde comme un bateau de fous. Le rendu du style cartoonesque et du langage ironique de Ligeti exigent de l'orchestre et du soliste une virtuosité extrême. Comme aucun autre, ce compositeur judéo-hongrois dont le père et le frère furent victimes de la dictature fasciste était capable de traduire le chagrin en musique. Pour sa part, et comme nombre de ses prédécesseurs romantiques, Jean Sibelius se complaisait dans l'abandon à la mélancolie et aimait à puiser la joie dans les ténèbres. Lors de la première de sa Quatrième Symphonie, il a fait entendre à son public les sonorités les plus sinistres du moment en Europe.

Flagey, Festival van Vlaanderen Brussel, Brussels Philharmonic